mercredi 10 février 2010
Christoph Schlingensief construit un opéra à Ouagadougou
Un Opéra au Burkina Faso. Un caprice colonialiste, comme celui de Manaus, dans la forêt brésilienne ? « Pas du tout, se défend Christoph Schlingensief, le metteur en scène et cinéaste allemand qui réalise là son rêve. Nous n’avons rien à apprendre aux Africains, mais beaucoup à apprendre d’eux. Le festival qui aura lieu tous les ans ne sera pas une copie de Bayreuth. Il mobilisera les énergies culturelles autochtones ». Curieux personnage que ce Schlingensief, réalisateur d’une trilogie filmée sur l’Allemagne (Les dernières heures du Führer dans le bunker ; Massacre allemand à la tronçonneuse ; Allemagne, bloc de réanimation), et metteur en scène d’un Parsifal dirigé par Pierre Boulez à Bayreuth en 2004, qui ont fait de lui un génie pour les uns, un imposteur pour les autres, pour tous un virtuose de la provocation. Arte lui a consacré une émission en septembre dernier, où on le voyait chercher le lieu idéal pour réaliser ce projet qu’il s’est juré de mener à bien il y a deux ans, après avoir été opéré d’un cancer du poumon. Dans un village de la périphérie de Ouagadougou, la première pierre a été posée le 8 février, et treize containers de matériel sont arrivés d’Europe. Le bâtiment, dessiné par Francis Ker, un Burkinabé résidant à Berlin, sera une spirale de béton, il comprendra des salles de spectacle, des ateliers, une école de musique et de cinéma, et même un dispensaire. Le Goethe-Institut, le ministère allemand des Affaires étrangères et la Fondation Culturelle Fédérale participent au financement. Ce qu’on ne connait pas encore, c’est le programme de l’inauguration, prévue en octobre, de ce « Village africain d’opéra ». S’il s’agit d’un spectacle monté par Schlingensief lui-même, le public local risque de se faire une curieuse idée d’une culture si longtemps considérée comme dominante.
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mardi 9 février 2010
Pendant les Victoires de la musique, Alain Planès joue Chopin. Ailleurs.
Qu’y a-t-il en dehors des Victoires de la Musique, les soirs de Victoires de la Musique ? Eh bien, des concerts, c'est-à-dire des manifestations qui n’ont pas grand-chose à voir avec les Victoire de la Musique. Au Corum de Montpellier, où les Victoires ont lieu cette année, l’atmosphère est à la fête. Gérard Pangon a l’œil sur son poste de télévision :
Chopin chez Pleyel. Alain Planès (piano Pleyel, 1836). 1 CD Harmonia Mundi.
« Les Victoires de la Musique classique, c'est comme les Césars ou les Molières : chaque année, on se persuade ça ne vaut la peine de gâcher sa soirée, que les slurps et les bisous vont dégouliner, que les plus insipides vont se prendre pour Brad Pitt, les plus ternes se déguiser en Castafiore et les plus niais se croire aussi malins que Jean-Luc Godard. Mais chaque année, on finit quand même devant sa télé, juste pour voir comment ça se présente. Et trois heures plus tard, sans avoir bougé, on se dit : « L'année prochaine, on ne m'y reprendra plus. » Seulement voilà : cette fois-ci, il y a eu un truc. D'abord un programme aux petits oignons : danses polovtsiennes pour commencer, puis Hélène Grimaud dans le Concerto en sol de Ravel, Vadim Repin dans Brahms, Vivica Genaux triomphante même si les gros plans ne l'arrangent pas, Hervé Niquet parfait dans un rôle de faire valoir avec Shirley et Dino, un trio harpe, scie musicale et cor des Alpes qui arrive au bon moment, Alexandre Tharaud magnifique dans un Nocturne de Chopin. Un vrai rythme, des éclairages qui évitent le côté supermarché, une réalisation qui suit la musique... de quoi montrer que le classique n'est pas une affaire de vieux, ni de ringards, ni de refoulés. Mieux : on a oublié les commentaires de Frédéric Lodéon, qui n'a pourtant pas ménagé sa peine : « Philippe Jarrousky est un contre-ténor, pas un castrat : il le précise toujours, pas besoin d'aller vérifier. » ou bien « Chabrier le bon gros Auvergnat, compositeur néanmoins. » Quant au palmarès, c'est une autre histoire... »Pendant ce temps-là, aux Bouffes du Nord transformé en cirque pour le spectacle de Joël Pommerat Cercles-fictions, Alain Planès joue sur instrument d’époque le programme du récital donné par Chopin dans les salons Pleyel le 21 février 1842. La salle est bondée, le public plus jeune, plus théâtre que celui des circuits traditionnels. Le piano Pleyel (1836) nous emmène lui aussi ailleurs, loin de la tradition du vite et fort. Planès enchaîne Nocturnes, Préludes, Etudes et Mazurkas avec délié, comme un monologue à mi-voix. On se fait à ce son boisé, à cette disparité entre le grave et l’aigu, à ces touches qui n’obéissent pas au doigt et à l’œil. Un régal pour initiés, diront les fidèles des Victoires. Déjà à l’époque, Berlioz reprochait à Chopin de jouer trop doucement, et Liszt s’amusait à imiter le toucher aérien de ce confrère qui était son contraire. Berlioz et Liszt auraient participé aux fastes télévisuels de Montpellier. Chopin, lui, aurait joué pour ses amis. Liszt a été le premier biographe de Chopin. Les contraires s’attirent.
Chopin chez Pleyel. Alain Planès (piano Pleyel, 1836). 1 CD Harmonia Mundi.
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lundi 8 février 2010
Fabio Luisi quitte Dresde : Orchestre, ton univers impitoyable…

En attendant, Luisi étant parti et Thielemann pas encore arrivé, il n’y a personne pour diriger la Tétralogie de Wagner à l’Opéra de Dresde (dont la Staatskapelle est l’orchestre permanent) à partir du… 21 février. Ne sortons pas pour autant les mouchoirs : Luisi est aussi directeur de l’Orchestre Symphonique de Vienne, il succédera à Franz-Welser-Möst à l’Opéra de Zürich en 2012, et il ne s’était apparemment pas apitoyé en son temps sur le sort de son prédécesseur à la tête de la Staatskapelle de Dresde, renvoyé pour lui laisser la place, et qui n’était autre que Bernard Haitink. Car enfin, si une blanche vaut deux noires, Haitink, comparé à Luisi et Thielemann, vaut bien une ronde.
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dimanche 7 février 2010
Charlemagne se croit à l’opéra, pas Obama
Dans les années 1960, les Who voulaient donner leur opéra rock Tommy au Palais Garnier. Horreur des abonnés. Un demi-siècle plus tard, le compositeur italo-anglais Marco Sabiu lance - sur disque et, espère-t-il, sur scène - l’opéra metal symphonique. Le titre : Charlemagne, par l’épée et par la croix. La vedette : Sir Christopher Lee, quatre-vingt-sept ans, Dracula en chef du cinéma d’horreur britannique des années 1960, récemment relancé par Le Seigneur des anneaux de Peter Jackson. Rien de subversif dans tout cela, bien sûr. Le metal est plus poli que heavy, et Sabiu s’est rappelé qu’il avait travaillé avec Pavarotti. Encore une comédie musicale qui veut se donner des lettres de noblesse. A l’époque des Who, le seul nom d’opéra faisait fuir les beaux esprits, et le trio Pierre Boulez - Jean Vilar - Maurice Béjart achevait de le passer au Kärcher dans un rapport commandé par André Malraux. Aujourd’hui, Pascal Dusapin le partage avec Luc Plamondon et Jean-Pierre Pilot, l’un des compositeurs de Mozart, l’opéra rock. Mais personne, dans ce Mozart néo-disco n’a pour ancêtre l’auteur de Don Giovanni, alors que Christopher Lee affirme descendre par sa mère de l’Empereur à la barbe fleurie.
Au moins Hope, le spectacle qui fait fureur à Francfort, est moins ambitieux. Il ne se pare pas du beau nom d’opéra, comme naguère Nixon in China de John Adams et Peter Sellars, mais simplement d’« Obama musical story ». On y voit Mr President chanter « Yes we can » en duo avec Hilary Clinton, tandis que le public a la possibilité d’accompagner la musique au moyen du « plus petit tambour du monde » intégré à chaque siège. Une idée pour un futur opéra participatif ?
Charlemagne, by the Sword and the Cross. Opéra metal symphonique de Marco Sabiu. Dans les bacs le 15 mars.
Hope, Obama musical story. Jarhunderthalle, Francfort, Allemagne.
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samedi 6 février 2010
L’opéra en direct au cinéma : après le Met de New York, l'Opéra de Paris ?
Que n’a-t-on dit (et écrit) sur l’opéra à la télévision : glottes en close up, regards cherchant le chef plutôt que le (la) partenaire, choristes déconcentrés, plans larges réduisant les personnages à l’état de lilliputiens, son trafiqué. Or voilà que ce qui marche actuellement, c’est l’opéra au cinéma : glottes géantes, regards… Soixante salles en France, neuf cents dans le monde entier retransmettent les premières du Metropolitan Opera de New York tout au long de l’année. Le Covent Garden de Londres, le Liceo de Barcelone s’y sont mis. Le 25 juin dernier, quarante-six salles hexagonales ont diffusé en direct et en haute définition Carmen, dirigé à l’Opéra Comique par John Eliot Gardiner. Direct et HD sont les sésames de l’opération. Il y a aussi la sensation, que l’on n’a pas dans son salon, de partager l’événement avec des gens qui, comme vous, se sont déplacés, et qui comme vous, ont envie d’applaudir (ou de siffler) à la fin. Gerard Mortier, directeur de l’Opéra de Paris jusqu’à l’année dernière, détestait le procédé, qu’il qualifiait de tromperie sur la marchandise, invoquant l’indispensable présence des chanteurs et des musiciens, le rayonnement vivant des voix dans un espace privilégié. La diffusion, depuis le Palais Garnier, du spectacle Ballets Russes (tiens, des ballets, pas un opéra), le 22 décembre dernier dans cinquante salles de Roubaix à Toulon, a été un succès, et l’on attend beaucoup de monde ce soir pour Simon Boccanegra depuis le MET, avec Plácido Domingo dans son premier rôle de baryton-Verdi. Dans un théâtre, on est, selon ses moyens, à l’orchestre ou au poulailler. Il y a maintenant ceux qui ne sont pas là, qui paient (le prix du poulailler) pour assister à une représentation virtuelle. Mais avec tout le confort moderne.
Prochains directs du Metropolitan Opera de New York : Simon Boccanegra, de Verdi, avec Placido Domingo (6 février), Hamlet, d’Ambroise Thomas, avec Simon Keenlyside et Natalie Dessay (27 mars), Armida, de Rossini avec Renee Fleming (1er mai).
Prochains directs du Metropolitan Opera de New York : Simon Boccanegra, de Verdi, avec Placido Domingo (6 février), Hamlet, d’Ambroise Thomas, avec Simon Keenlyside et Natalie Dessay (27 mars), Armida, de Rossini avec Renee Fleming (1er mai).
vendredi 5 février 2010
Gershwin par Spielberg, un biopic in blue
Mr Spock (sans les oreilles) en Gershwin : c’est Zachary Quinto, connu pour avoir incarné au cinéma le personnage de Star Trek, que Steven Spielberg a choisi pour être le compositeur de Porgy and Bess dans le film qu’il s’apprête à tourner. Encore un biopic en perspective, mais dont le héros, mort en 1937, n’est pas une figure familière des petits et grands écrans, tels Piaf ou Gainsbourg. Ca tombe bien : physiquement, Zachary Quinto ne ressemble pas du tout à Gershwin. En revanche Spielberg, comme lui fils d’émigrés juifs devenu roi de l’Amérique, est un peu son double. Grosse différence : Gershwin est mort à trente-huit ans, Spielberg en a soixante-quatre.
Tout est spectacle, dans la vie de Gershwin, et l’on regrette que Sergio Leone n’ait pas en son temps tourné un Il était une fois en Amérique II dont il aurait été le héros. Il est vrai que la furie du biopic est plus récente, qui veut que les stars ne soient plus elles-mêmes, mais se glissent dans la peau d’autres stars du passé ou du présent. En attendant, Spielberg s’apprête à sortir un autre biopic, le plus risqué de tous, surtout en France et en Belgique : un Tintin en 3 D. Parce que maintenant, on ne se contente plus de créer des clones de nos idoles, il faut encore qu’ils soient en relief.
Tout est spectacle, dans la vie de Gershwin, et l’on regrette que Sergio Leone n’ait pas en son temps tourné un Il était une fois en Amérique II dont il aurait été le héros. Il est vrai que la furie du biopic est plus récente, qui veut que les stars ne soient plus elles-mêmes, mais se glissent dans la peau d’autres stars du passé ou du présent. En attendant, Spielberg s’apprête à sortir un autre biopic, le plus risqué de tous, surtout en France et en Belgique : un Tintin en 3 D. Parce que maintenant, on ne se contente plus de créer des clones de nos idoles, il faut encore qu’ils soient en relief.
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jeudi 4 février 2010
A Genève, une Lulu classée X par Olivier Py
Une vieille lune, le cinéma interdit au moins de dix-huit ans? Que dire alors de l’opéra « déconseillé » aux moins de seize ans, pratiqué par le Grand Théâtre de Genève à propos de Lulu d’Alban Berg dans la mise en scène d’Olivier Py, dont la première a lieu ce soir ? Déjà en 2005, Tannhäuser de Wagner façon Py, un spectacle assez classique mais dans lequel un harder apparaissait en état de marche, avait fait l’objet du même avertissement. Aucune restriction en revanche, pour la « Trilogie du Diable » (Le Freischütz de Weber, Les Contes d’Hoffmann d’Offenbach, La Damnation de Faust de Berlioz) proposée en 2008 par le même Py, l’Esprit qui dit non étant, c’est bien connu, moins dangereux que le corps qui dit oui. Pour justifier le fait que dans Lulu, on voit, en guise d’interlude filmé (prévu par Berg), un extrait de film X, le Grand Théâtre manie la circonvolution textuelle : «Pour traduire les intentions du compositeur et de son inspirateur Frank Wedekind, Olivier Py et son équipe ont fait appel à des images qui, quoi que de plus en plus usuelles et répandues, restent rares et inhabituelles sur une scène lyrique et pourraient choquer un spectateur non averti. Respectueux du regard de chacun ainsi que de ses opinions, il nous paraît important de vous en informer avant votre entrée en salle ou avant l’achat de votre billet. Nous déconseillons le spectacle aux personnes de moins de 16 ans ». Quand le cinéaste suisse Daniel Schimd, réputé sulfureux et décadent, a monté Lulu à Genève en 1985, le spectacle n’était déconseillé à personne. Mais à l’époque, la seule vue d’un minaret érigé vers le ciel n’éveillait pas de coupables pensées.
Lulu, d’Alban Berg. Mise en scène : Olivier Py ; direction musicale : Marc Albrecht. Grand Théâtre de Genève, les 4, 7, 10, 13, 16, 19 février.
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mercredi 3 février 2010
Lang Lang, Ronaldo du piano, transféré chez Sony
Selon le journaliste anglais Norman Lebrecht, Lang Lang est en passe de quitter Deutsche Grammophon pour Sony Classical. Coût du transfert : 3 millions de dollars. De quoi faire ricaner un footballer de deuxième Division, mais sur le marché classique, du jamais vu depuis Pavarotti. Bogdan Roscic, le nouveau directeur du département classique de Sony en veilleuse depuis plusieurs années, avait besoin de frapper un grand coup. C’est chose faite avec le prodige qui a réalisé le rêve de quarante millions de jeunes Chinois arrimés à leur piano dans l’espoir de conquérir le monde, le Little Bouddha qui a joué, pour l’ouverture des Jeux Olympiques de Pékin, devant cinq milliards de téléspectateurs. Lang Lang avait déjà un pied dans la place, puisqu’il avait, en homme d’affaires et en philanthrope avisé (il est, entre autres, ambassadeur de l’Unicef) signé en 2008 un contrat commercial avec Sony. DG, en attendant, a perdu ses deux champions sur un marché extrême oriental en plein essor : Yundi Li, l’autre prodige de l’Empire du Milieu, vient de signer chez EMI, lassé d’être maintenu dans l’ombre de son encombrant compatriote. Selon son propre aveu, le bonheur de Lang Lang sera complet quand le monde musical occidental le considérera comme un artiste, et non plus comme un phénomène. Mais cela, ça ne s’achète pas.
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mardi 2 février 2010
La folle Journée est finie, plus qu’un an à tenir
La 16ème Folle Journée se termine. 128 000 billets (sur 130 000) ont été vendus à Nantes, 60 218 pour la Folle Journée en région (une semaine avant la « grande »), en attendant Bilbao en mars, le Japon en mai, Varsovie en juin. Il y avait Radio France en direct et Arte délocalisé pour l’occasion. Les 11 000 exemplaires du disque officiel ("Le Journal musical de Chopin", par six pianistes, chez Mirare) sont partis en trois jours. On repense en soupirant au bruit, à la foule, aux files d’attente, à tout ce à quoi on tente d’échapper le reste du temps, mais qui, l’espace d’un week-end, a entretenu une délicieuse excitation. On se revoit dans les salles de conférence éclairées au néon, qui, rebaptisées Salle Mickiewicz ou Salon George Sand, sont devenues les plus cosy des boites à musique. On est tout fier d’y avoir survécu, avec la tête transformée en shaker à sons et à images, avec un an de magie en réserve. Car entre temps, que faire ? Il y aura bien des concerts, des opéras, des Victoires de la musique en prime time à la télévision. Du tout venant, en somme. En juillet, on ira à Avignon : huit jours de théâtre non stop, au Palais des Papes, mais aussi dans des ateliers, dans des arrières boutiques, dans la rue. On ira au Grand Palais et à Beaubourg voir les expositions phares de l’année, en réservant à l’avance, pour ne faire qu’une heure de queue. Comment faisait-on avant, quand la culture était confidentielle, dispersée, égoïste, élitiste ? L’année prochaine, la Folle Journée sera consacrée aux post-romantiques : Brahms, Liszt, Strauss (Richard), Mahler, Bruckner, l’Ecole de Vienne en cinq jours et deux-cents-cinquante concerts. Le plus frustrant, c’est de se dire que pendant qu’on assiste à un concert, on en rate dix. A moins que ce ne soit cela, le vrai plaisir.
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lundi 1 février 2010
L’escalier piano, un gadget d’enfer
Quand la musique devient nuisance… Tout a commencé l’année dernière à Stockholm, où Volkswagen (les voitures) et le site rolighetsteorin.se ont fomenté un coup médiatique en dotant la station de métro Odenplan d’un « escalier piano ». Chaque marche foulée émet une note, et le tout a l’aspect d’un clavier géant, avec touches noires et touches blanches. La fréquentation de l’escalier a grimpé de 66%, celle de l’escalator adjacent a baissé d’autant, et la vidéo fait un tabac. Ce que l’histoire ne dit pas, c’est qu’aux heures d’affluence, ce gadget monumental fait un bruit d’enfer, et que les employés de la station n’en peuvent plus. L’idée n’est pas neuve : les musical stairs des Musées des Sciences de Minneapolis et de Boston ont amusé plusieurs générations d’Américains, et les amateurs de nanars cinématographiques se souviennent de Big (1988), où Tom Hanks foulait un « plancher piano » resté dans les annales (la scène a été parodiée chez Les Simpsons).
Or voilà que le métro de Milan vient d’installer un « escalier piano » à la station Duomo, très fréquentée par les touristes. Quand on sait qu’en italien, escalier musical se dit scala musicale et que le Duomo (la cathédrale) n’est pas loin du Teatro alla Scala, on apprécie la finesse du concept. Aucun jeu de mots n’est apparemment possible entre escalier musical et Opéra Bastille. Cela épargne peut-être les oreilles des usagers de la RATP.
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