mercredi 6 janvier 2010

Artistes en résidence ou stars à domicile ?


« Artiste en résidence ». Pour l’abonné d’un orchestre, d’un festival, d’une société d’orgue ou d’un cycle de musique de chambre, cela veut dire que qu’il a intérêt à aimer l’artiste en question, car il va l’entendre souvent. Pour l’artiste, c’est une sécurité : une semaine, un mois, un an de travail confortable et rémunéré. Idem pour les organisateurs, à qui cela permet d’ancrer leur travail et celui des artistes dans une « réalité sociale, financière et culturelle à long terme » (selon les termes des dossiers de presse). En France, ce sont surtout les compositeurs qui sont en résidence. On a vu Bruno Mantovani à Lille, Karol Beffa à Toulouse et Marc-André Dalbavie auprès de l’Orchestre de Paris.

Ce qu’on n’a pas encore vu - ou de manière subliminale -, ce sont les stars en résidence. Puisque un compositeur de musique contemporaine, c’est chic, mais cela ne remplit pas la salle, les orchestres américains ont pris l’habitude de lui adjoindre un interprète qui, lui, la remplit. Cela donne Sofia Gubaidulina + Lang Lang, relayés par George Benjamin + Yo Yo Ma à San Francisco, ou Magnus Lindberg + Thomas Hampson à New York. Pour les stars, les résidences sont plus concentrées - une semaine une ou deux fois dans l’année -, mais aussi plus intensives : musique de chambre, master classes, showcases hors les murs, etc. Subventionnés comme ils le sont, nos grands orchestres ont-ils besoin de ce genre de produit d’appel ? Quant aux autres, par exemple les ensembles baroques, ont-ils les moyens de s’offrir Natalie Dessay en résidence, ne serait-ce que quelques jours par an ? Ce sont peut-être les sponsors, auxquels nos institutions font de plus en plus appel pour compléter les subsides publics, qui y penseront les premiers.

Photos : Karol Beffa, Marc-André Dalbavie

1 commentaire:

  1. Heureusement, certains compositeurs de musique contemporaine remplissent les salles sans pour autant renoncer aux buts artistiques les plus élevés. Prenons l'exemple de Thierry Escaich à l'Orchestre national de Lyon, qui a su en quatre saisons gagner un public fidèle, grâce à la beauté de sa musqiue et à un travail de fond d'une rare variété (création d'oeuvres, exécution d'oeuvres existantes, mais aussi des rencontres avec divers publics, et surtout de nombreuses apparitions en concert à l'orgue et au piano - musique de chambre, récitals, ciné-concerts, concertos - dans ses oeuvres et celles d'autres compositeurs).

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