dimanche 24 janvier 2010

Placido Domingo et les fantômes de l’opéra


Emoi dans la presse américaine : Placido Domingo est un phénomène, mais aussi un problème. Au Metropolitan Opera de New York, il chante Verdi (Simon Boccanegra) un soir et dirige Verdi (Stiffelio) le lendemain. Voilà pour le phénomène. Le problème, qui relève aussi du phénomène, est qu’il est aussi le directeur de l’Opéra de Los Angeles (côte ouest) et de celui de Washington (côte est). Au début, tout s’est bien passé, le maestro tenorissimo n’ayant qu’à lever un sourcil pour faire accourir le gratin de l’opéra. Coûts énormes, à commencer par les émoluments de M. le Directeur, mais recettes à l’avenant. Et puis la crise est venue, et les deux maisons ont déchanté. Dettes, emprunts, mécènes qui se font tirer l’oreille (ou qui meurent de vieillesse), et un directeur qui n’est qu’une voix (quelle voix !) au téléphone ou une silhouette entre deux avions. A Washington, Le Crépuscule des dieux a dû être donné sans décors ni costumes. Scandale d’abord, dans un pays où luxe et opéra sont synonymes, succès ensuite : on parle de pureté, d’intimité, d’essentiel. La révolte continue pourtant de gronder. Dans le New York Times, une responsable syndicale fustige les manières de M. le Directeur, qui arrive en coup de vent la veille d’une première et demande des modifications d’autant plus coûteuses qu’elles sont tardives, ou fait payer le chœur en heures supplémentaires parce qu’il l’a convoqué un jour de repos. Cette responsable syndicale s’appelle Kallas, Eleni Kallas. Comme disait Marx : « L’Histoire ne recommence pas, elle bégaie ».

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