mardi 26 janvier 2010

Natalie Dessay en Somnambule à haut risque


- Natalie Dessay est malade.
- Oooooooooh !
- Mais elle chantera tout de même ce soir.
- Aaaaaaaaaah !
Après Norma au Châtelet, La Somnambule à l’Opéra Bastille : la semaine Bellini est à haut risque. Il ne se passe rien, ou presque, dans La Somnambule. Dans les Alpes suisses, un jeune homme est fâché parce que sa fiancée est surprise dans la chambre d’un autre. Tout s’arrange quand on découvre que la demoiselle est somnambule. Cela pourrait être un sujet de vaudeville, ou un prétexte de (nouveau) roman des années 1950. Or tout l’édifice est suspendu à une musique lisse, légère, transparente, une musique qui a l’air de vouloir de se faire oublier. La bouillante Natalie Dessay, qui en a fait son contre-emploi favori, est ce soir à la peine, victime d’une pharyngite. Les longues phrases deviennent des pièges, les aigus des sommets à escalader. Devant son public mi-amoureux mi-sadique, elle passe tous les obstacles. C’est à peine si l’on détecte un départ hasardeux, une respiration un peu courte, une note trop appuyée. Le metteur en scène Marco Arturo Marelli, qui a placé l’action dans un hôtel des cimes, entre La Montagne magique de Thomas Mann et Une Femme disparaît d’Hitchckock, lui a offert un final de diva : robe de bal, rivière de diamants, rideau de scène copié sur celui du Palais Garnier. Dessay, fatiguée, frôle le précipice, puis se reprend, et finit sur un feu d’artifice à sa façon. Pourquoi a-t-on eu peur ? Une somnambule ne tombe que si on la réveille en sursaut.

Crédit photo : Opéra national de Paris/ Julien Benhamou

La Somnambule, de Bellini. Avec Natalie Dessay, Javier Camarena, Michele Pertusi. Marco Arturo Marelli (mise en scène), Evelino Pido (direction). Opéra National, de Paris-Bastille, les 28 et 31 janvier, 3, 6, 9, 12, 15, 18, 21, 23 février.  Diffusée en direct sur Mezzo le 15 février et ultérieurement sur France 3.

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