dimanche 31 janvier 2010

Camille Maurane, Earl Wild, ils étaient encore vivants ?


On ne peut pas dire que ce soit un plaisir, mais il est toujours réconfortant d’apprendre que des gens que l’on pensait depuis longtemps enterrés viennent « seulement » de nous quitter. Ainsi la semaine dernière, la presse a rendu hommage au baryton français Camille Maurane, décédé à quatre-vingt-dix-huit ans, et au pianiste américain Earl Wilde, qui n’en avait, lui, que quatre-vingt-quatorze. En 2001, on s’était, de la même manière, étonné d’apprendre que Gina Cigna, la première Turandot de Puccini au disque (1938), venait de s’éteindre à cent-un ans, ou, en 2007, que Gian Carlo Menotti, compositeur d’opéras qui avaient l’air de dater des années 1920, avait rejoint à quatre-vingt-seize ans Giordano et Cilea au paradis des véristes. Le plus triste, dans tout cela, c’est que ces gens que la mort a oubliés le sont aussi par les vivants. Il faut être un fan de mélodie française pour se rappeler que Camille Maurane a été réputé dans Fauré, et qu’il a des années durant été « l’autre » Pelléas des scènes internationales, quand Jacques Jansen était pris ailleurs.
On ne sait pas beaucoup plus qu’Earl Wild a été jusqu’à un âge avancé un champion du piano-spectacle à l’américaine, capable de faire rutiler les Concertos de Rachmaninov et de retrouver dans Gershwin le swing du maître lui-même. Maurane a laissé de nombreux enregistrements (dont, justement, un beau Pelléas et Mélisande dirigé par Ernest Ansermet) et Wild est à la tête d’une discographie pléthorique, qu’il a, sur le tard, encore enrichie en créant son propre label (Ivory Classics). Mais les disques, eux aussi, sont sujets à l’amnésie ambiante.

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