samedi 16 janvier 2010

Pierre Boulez, du haut de sa pyramide


Coup d’envoi, dans le New York Times, des hommages planétaires à Pierre Boulez, à l’occasion de ses quatre-vingt-cinq ans (le 26 mars). Propos glanés.
« J’aime la virtuosité. Pas pour elle-même, mais parce qu’elle est dangereuse »
« Si vous voulez que votre vie soit plus intéressante, vous devez faire des efforts. C’est une question d’organisation. Je suis choqué que tant de gens ne soient pas plus créatifs, c’est à dire plus exigeants avec eux-mêmes. »
« Les questions que nous devons nous poser sont : « Est-ce que j’essaie d’être nécessaire à l’évolution du langage ? Est-ce que j’essaie d’être original ? Etre original signifie bien sûr se procurer les outils pour l’être, pas seulement en avoir le désir. Les outils sont importants : Mallarmé reprochait à Degas d’écrire des poèmes. « Il ne suffit pas d’avoir des idées de poèmes, disait-il. Les poèmes, ce sont des mots. »
« Je ne m’excuse pas d’avoir été sur les barricades durant les années 1950-1960. On nous a accusés d’être des dictateurs parce que nous jouions ce que nous aimions. Mais nous ne donnions que quatre concerts par an ! Aujourd’hui, il y a beaucoup plus de concerts de musique nouvelle, mais l’enjeu est moins fort. »
« Vous n’obtenez pas de résultats si vous ne vous battez pas. Aujourd’hui, je comprends mieux les points de vue qui ne sont pas les miens, mais je suis encore capable de les combattre. »
« Ne placez pas votre ego au-dessus de la musique. Faites ce que vous avez à faire pour son service. C’est le seul moyen de progresser. »
« Le sérialisme a fait long feu. Il a été tué par les gens qui l’ont utilisé. »
Résumé de la situation par Daniel Barenboim, infatigable porte-parole du maître : « Si Pierre est une grande figure de la modernité, c’est parce qu’il a compris qu’il y avait dans la vie des moments d’évolution et des moments de révolution. Quand la révolution a été nécessaire, il a été là pour en prendre la tête. »
Boulez, en tout cas, semble prêt à résister tout seul aux tentatives d’embaumement. A moins qu’il ne contemple déjà le siècle du haut de sa pyramide.
Crédit photo : Felix Broede/DG

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