samedi 20 février 2010

Andrew Lloyd Webber et Paul McCartney au secours d’Abbey Road

Il manquait un symbole de la crise du disque. La mise en vente des studios londoniens d’Abbey Road, effet immédiat de la déconfiture d’EMI qui avait acheté le terrain pour 100 000 livres sterling en 1929, vient, si l’on ose dire, à point. Premier appel à la résistance : celui de Paul McCartney, quarante-et-un ans après l’album justement intitulé Abbey Road, sur la pochette duquel on voyait les Beatles traverser … Abbey Road.  Andrew Lloyd Webber lui a emboîté le pas, parlant même de racheter les bâtiments, sachant qu’EMI a déjà refusé une offre de 30 millions de livres. Première question angoissée : que vont devenir lesdits bâtiments  ? Dans son blog, la romancière Jessica Duchen imagine un hôtel de luxe, avec Suite Elgar (en souvenir de Yehudi Menuhin enregistrant là le Concerto pour violon sous la baguette du compositeur) et jacuzzi Beatles. Elle rêve aussi d’un musée de la musique, où l’on verrait qu’avant que le numérique ne vienne tout changer, la réalisation d’un disque nécessitait une énorme infrastructure.  On y verrait des photos d’un autre siècle, quand le directeur artistique Walther Legge invitait le vétéran Furtwängler et le débutant Giulini à enregistrer les chefs-d’œuvre du répertoire avec le Philharmonia, l’orchestre de luxe qu’il avait créé tout exprès pour eux. On y évoquerait Thomas Beecham (1m85), chef et milliardaire (les petites pilules Beecham, c’était sa famille), apprenant que le jeune Herbert von Karajan (1m68) s’apprêtait à enregistrer Hänsel et Gretel d’Humperdinck, et lui demandant : « Hänsel et Gretel ? Les deux à la fois ? ». Plusieurs centaines de touristes venaient chaque jour devant l’entrée des studios et écrivaient sur le mur des déclarations d’amour aux artistes de leurs rêves. Mais le pèlerinage était gratuit, et les notes de chauffage exorbitantes. La nouvelle est tombée le jour même où l’on apprenait la mort de Michel Glotz, qui fut trente ans durant le directeur artistique de Karajan. Comme le chantait Bob Dylan (artiste Columbia, concurrent d’EMI)  : “The times, they are a-changin”.

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