lundi 15 février 2010

EMI en danger : faut-il classer Callas et Karajan ?

Rumeurs alarmistes à propos d’EMI, la seule major phonographique à ne pas avoir encore été absorbée par un grand groupe audiovisuel, tel Universal ou Sony. 1 milliard 750 millions de livres sterling (2 014 600 000 euros) de dettes pour l’année passée, bagarre sanglante entre financiers, lutte à mort entre Londres et New York. Si le groupe américain Citygroup (une des plus grosses, sinon la plus grosse des entreprises financières mondiales) l’emporte, c’en est fait de l’exception culturelle britannique appelée EMI. Levers de bouclier dans la presse et sur le Net. Le blog anglais On an overgrown path (Sur un sentier herbeux, titre d’une œuvre de Janacek), suggère que l’UNESCO étende sa protection du Patrimoine de l’humanité aux monuments intellectuels, et fasse classer les enregistrements des Pink Floyd et de Jacqueline Du Pré au même titre que les mégalithes de Stonehenge ou la cathédrale de Cantorbéry. Le traumatisme de la crise est décidément bien ancré : banquiers = prédateurs, libéralisme = destruction du bien commun au profit de quelques-uns, ces quelques-uns étant davantage enclins à encaisser des bonus qu’à protéger la culture. Il est en effet vraisemblable que les croqueurs de dollars de Citygroup (ou d’un autre monstre financier) ne tiendront pas le patrimoine laissé par Maria Callas pour une source de profit digne d’intérêt. A moins, peut-être, que Casta Diva ne vienne optimiser un spot de publicité. On va finir par bénir le domaine public : réédités par qui le veut, les disques signés Callas, Du Pré ou Karajan ont, au moins, une chance de survivre.

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