jeudi 11 février 2010

Le Festival de Pâques de Salzbourg : prends l'oseille et tire-toi !


Côté salle, le Festival de Pâques de Salzbourg est un rêve de milliardaire : des places à 1250 euros, le Philharmonique de Berlin dans la fosse, des spectacles grand-luxe dans la tradition instaurée par Hebert von Karajan, qui l’a créé en 1967. Côté coulisses, un thriller dur, façon Millénium. La semaine dernière, Klaus Kretschmer, le directeur technique, est découvert sous un pont, grièvement blessé. Il était suspecté d’avoir empoché 700 000 euros destinés à des cabinets de conseil. « C’est Michael Dewitte le responsable, avait-il déclaré, moi, je ne suis que la victime d’un dommage collatéral ». Michael Dewitte, directeur général du festival, est actuellement en fuite. Il aurait, lui, détourné 5% du budget global durant les huit dernières années, ponctionné les dons des sponsors, trafiqué les notes de frais, procuré un emploi fictif à son épouse, siphonné 300 000 euros versés sur un compte bancaire chypriote. Les cabinets d’audit Deloitte et Ernst&Young, chargés chaque année de vérifier les comptes du festival, n’avaient rien remarqué, jusqu’à ce que la direction fasse procéder à une enquête spéciale, chargée d’expliquer où étaient passés les deux millions d’euros manquant dans les caisses. Actuellement, huit têtes du Festival de Pâques sont en examen, et ce n’est peut-être pas fini, car le Festival d’Eté risque, lui aussi, d’être gangréné : « C'est comme les bombardements américains sur Belgrade, ironise Ioan Holender, le directeur de l'Opéra de Vienne, dont Salzbourg est presque la résidence estivale. Ils ont appelé cela des dommages collatéraux. Les deux festivals sont dans le même immeuble et ont la même infrastructure. Avec la meilleure volonté du monde, ils ne peuvent pas être séparés ».
Revenons côté salle. Le 27 mars, Simon Rattle, successeur de Karajan à la tête de l’Orchestre Philharmonique de Berlin, dirige au Grand Festspielhaus Le Crépuscule des dieux de Wagner, dans la mise en scène de Stéphane Braunsweig, créée à Aix-en-Provence l’été dernier. Que raconte Le Crépuscule des dieux ? La fin d’un monde d’envie et de profit, et l’avènement d’une nouvelle ère. Karajan, qui avait créé le festival de Pâques pour y monter Wagner à sa façon et concurrencer celui de Bayreuth, n’aurait pas manqué de faire remarquer que, comme d’habitude, il avait tout prévu avant tout le monde. Aux dernières nouvelles, c’est Peter Alward, ancien directeur d’EMI Classics, qui occupera dès la semaine prochaine le fauteuil laissé vide par Michael Dewitte. « Je le connais depuis trente ans, a déclaré Eliette von Karajan, la veuve du maestro. Il est digne de confiance ». C’est tout dire !

2 commentaires:

  1. Klaus Kretschmer est le directeur technique du grand festival d'ete du Salzbourg, pas de festival de Pacques. La Presse en Ingleterre n'as pas compris ceci, mais c'est importante pour comprendre le decoit que Dewitte a construit. En faite, Dewitte a paye Kretschmer comme "consultant" pour des centaines des horaires - en meme temps que le festival d'ete a Salzbourg, ca veut dire c'etait impossible que Kretschmer etait libre pour faire le travail. On suppose que Kretschmer et Dewitte ont profite tous le deux.

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  2. You have misunderstood the Salzburg situation in one point. Perhaps you are reading the Independent or some other English sources which have also misreported. The point is that Kretschmer is the technical director of the SUMMER FESTIVAL, not of the Easter Festival as FL is reporting. Dewitte seems to have paid Kretschmer for hundreds and hundreds of hours of "consulting work" (German: Beratung), which Kretschmer in his bills claimed he did during the busiest time of the Summer Festival, when nobody has any time for extra work! It is assumed that Dewitte and Kretschmer shared the monies that the Easter Festival paid out to Kretschmer for this "work". It's an important point because it links the Summer Festival to the fraud and to the scandal. Another interesting aspect is how the fraud was discovered: the Berlin Philharmonic had been seriously considering leaving Salzburg and putting the Easter Festival on in Baden-Baden instead. When they made the decision to stay in Salzburg they thought it would be a good idea to go through the finances - and very quickly realised that the accounts were not correct. Peter Raue, the lawyer for the Berlin Philharmonic (he is very well known in Germany) said there is no question that Dewitte has committed immense fraud against the festival in the most obvious of ways. It's no surprise that Peter Alward (EMI) has now been appointed to head the Easter Festival for the next three years - he is very close to Simon Rattle, and it is clear that the Berlin Phil/Simon Rattle want their own man who is loyal to THEM - not to anyone in Salzburg. Certainly the Berlin Philharmonic must wish now that they were going to Baden-Baden after all ...
    This is not so important, but the sum 1250 Euros is for THREE tickets (two operas and one concert); individual tickets for the Easter Festival cost between 200 and 650 Euros each. It is now being reported that under Dewitte more than 20 percent of all tickets were given away free to various "sponsors"...

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