samedi 21 novembre 2009
Elgar dans la bagarre
Consternation dans le Landernau musical britannique : Edward Elgar était un mauvais tromboniste. « Et alors ? », direz-vous. De ce côté-ci de la Manche, l’auteur de Pump and Circumstances ne figure au Panthéon de la musique que dans la section « compositeurs locaux ». Mais à Londres… Sue Addison, la tromboniste solo de l’Orchestra of the Age of Enlightenment, a découvert une lettre de Dora Penny, un des personnages croqués par Elgar dans ses Variations Enigma, racontant qu’elle avait été prise de fou rire le jour où celui-ci lui avait joué un air de trombone. Or voilà que notre Sherlock Holmes tromboniste a retrouvé l’instrument du maître dans les collections du Royal College of Music, et qu’elle l’a joué au Royal Festival Hall à l’occasion d’une récente exécution de The Dream of Gerontius, un oratorio d’Elgar très célèbre là-bas. « Et alors ? », allez-vous répéter. Et alors, indépendamment de l’intérêt de l’anecdote pour les biographes d’Elgar et pour la publicité personnelle de Mrs. Addison, voilà relancé le vieux débat : « Comment un compositeur qui a écrit de si belles choses pour le trombone pouvait-il être incapable de jouer correctement de l’instrument en question ? » Sans répéter que Ravel était un mauvais chef et que Messiaen était incapable de voler comme ses chers oiseaux, il est toujours bon de se rappeler que les créateurs créent et que les instrumentistes jouent, que les artistes agissent et que les critiques réagissent, et qu’il n’est pas obligatoire que les uns sachent faire ce que font les autres pour bien faire ce qu’ils font eux-mêmes. Et si le sort d’Elgar vous préoccupe encore, dites-vous qu’il était imbattable au piano, au violon et à l’orgue.
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