« Pendant que nous montions La Tempête, on m’a proposé à trois reprises de mettre en scène La Flûte enchantée. A chaque fois, j ai refusé. » raconte Peter Brook en 1991. Tant qu’à se pencher sur une féérie à double fond, autant donner la priorité à celle de Shakespeare, quand on est le-shakespearien-du-demi-siècle. Dix-neuf ans plus tard, pour ses fêter son départ des Bouffes du Nord (il y est depuis 1974), Brook ne dit plus non à Mozart. Ce sera (mais à quelles dates ?) une Flûte façon Tragédie de Carmen (1981), ou Impressions de Pelléas (1992), une quintessence d’opéra, une version de chambre à l’échelle cosmique. Il y a longtemps qu’à l’opéra, Brook voyage léger, même lorsqu’il monte Don Giovanni à Aix (1998). Il ne s’est jamais remis de l’aventure de Salomé à Londres … en 1949 : spectacle culte (avec Salvador Dali aux pinceaux), mais souvenir contrasté.
Comme avec Carmen, il va avoir une sacrée couche de convention à gratter. Cette fois, l’ennemi n’est plus le faux réalisme, mais le faux fantastique. S’il y arrive, cela nous consolera des Flûtes chargées, des Flûtes dépouillées, des Flûtes enfantines, des Flûtes exotiques, des Flûtes ésotériques, des Flûtes emplumées (on vient encore d’en voir une - deux même - au Châtelet). Mozart l’a bien cherché, en déposant la plus belle musique du monde sur un livret qui préfigure Disneyland autant que le Da Vinci Code. Mais que d’horreurs on aura commis en son nom !
mercredi 11 novembre 2009
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