mercredi 18 novembre 2009

Gershwin au panthéon


Sacré Nikolaus Harnoncourt ! Il a ravivé Bach, réactivé Monteverdi, secoué Mozart, passé Beethoven au karcher et Brahms à la tronçonneuse, sans jamais oublier de justifier sa démarche à coups d’arguments musicologiques savants. Il ne laissera pas partout un souvenir impérissable, mais il aura au moins alimenté le débat. Et puis quel bonheur (pervers, certes) de le voir se lancer dans des causes perdues sans se départir de son sérieux légendaire ! Sa Chauve-souris dépourvue de rubato (les autres avaient tort, même Clemens Krauss, même Karajan, même Carlos Kleiber), son Aïda façon Haendel sont déjà des collectors. Mais aujourd’hui, il bat ses propres records, avec un Porgy and Bess capté en public au festival de Graz. Au moment du concert, en février dernier, Operachic n’y allait pas quatre chemins, insinuant qu’il n’avait auparavant vu de Noirs qu’en livrée de chauffeur ou sous les traits de son Aïda, la Chilienne Christina Gallardo-Domas passée au brou de noix, et qu’il vivait là sa première collaboration avec des non-aryens. Sans céder à ces clichés pour le moins calomnieux, on attend néanmoins sa relecture avec curiosité. Gershwin, qui souffrait tant de ne pas être admis au panthéon des classiques, va peut-être enfin connaître la chance de sa vie posthume.

Porgy and Bess de George Gershwin. Solistes, Chœur Arnold Schoenberg, Orchestre de Chambre d’Europe, Nikolaus Harnoncourt (direction) – 3 CD RCA/BMG

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