lundi 1 mars 2010

Chopin et Schumann : l’un fait un tabac, l’autre pas

1er mars : date à laquelle Chopin fêtait son anniversaire. Son acte de baptême indique le 22 février. Bref, il y a à peu près deux-cents ans qu’il est né. Demandez autour de vous de quels musiciens on fête cette année le bicentenaire. « Chopin ! », vous répondra-t-on en chœur. Insistez : « Seulement Chopin ? ». Il n’y en aura pas beaucoup pour se taper sur le front : « Ah oui, Schumann ! ». On comprend que ni le quadricentenaire de Dumont et Lambert, ni même le tricentenaire de Pergolèse et Wilhelm Friedmann Bach ne fasse rêver grand-monde. Mais Schumann, le romantique par excellence, le fou sublime, le découvreur de talents, parmi lesquels … Chopin (« Chapeau bas, Messieurs, un, génie ») ? Eh bien oui, c’est comme ça. Chopin et la Pologne martyrisée, Chopin et George Sand, Chopin mourant poitrinaire à trente-neuf ans, cela fait battre les cœurs, comme si l’artiste était toujours vivant, comme si le charme qui faisait chavirer jeunes filles et duchesses agissait encore.
En revanche, Schumann fou d’amour pour la belle Clara, Schumann fou de jalousie envers le jeune Brahms, Schumann fou tout court se jetant dans le Rhin (et se ratant), cela ne passe plus, cela n’a jamais bien passé. Question de musique aussi, et même d’abord. Chopin, c’est profond, mais ça n’en a pas l’air. Schumann, ça ne l’est pas moins, mais ça se voit. La Valse-minute ou la Polonaise en la, un enfant peu les écouter en boucle. Les Scènes d’enfants, en revanche, c’est quand on est adulte qu’on les apprécie. Voilà : Chopin est plein de nos souvenirs d’enfance. Pas Schumann. Alexandre Tharaud a sorti un récital intitulé « Chopin, journal intime ». Vous imaginez « Schumann, journal intime ? » De quoi devenir fou ! L’année prochaine, ce sera le bicentenaire Liszt. Le sujet est vaste, le personnage charmeur, et sa musique, dont on connaît surtout les pièces de virtuosité, n’a pas la réputation d’être «difficile ». On se trompe : Liszt est aussi difficile que Schumann. Il est seulement moins génial. Et puis il est mort vieux, et l’on s’attendrit surtout sur les anges fauchés en plein vol, comme Chopin. Schumann, lui, est mort entre deux âges. Décidément, il a eu tout faux !

Soirées Chopin sur Arte, le 1er mars avec Alexei Volodine, le 7 avec Rafal Blechacz.

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