Première demi-finale du Concours de Direction d’orchestre Gustav Mahler de Bamberg. Pas de jurés assis en rang d’oignon face à la scène : ils sont un peu partout, comme durant toute la compétition, certains, même, sont assis au milieu de l’orchestre pour mieux apprécier la technique des candidats. Et Jonathan Nott, le directeur musical du Symphonique de Bamberg, a pris place sur un balcon juste derrière l’orchestre, en face des candidats car, dit-il, « je veux suivre leurs regards et leurs gestes. »
Des beaux gestes, l’allemand Cornelius Heine, premier candidat de la soirée, en a beaucoup, et une technique sûre qui témoigne d’une expérience certaine. Mais pourquoi alors a-t-il à du mal à convaincre les musiciens ? Dans les deux mouvements de la Quatrième symphonie de Mahler, il s'en sort, mais dans le menuet de la Symphonie n° 104 de Haydn c’est la catastrophe : c’est lourd, sans grâce et sans esprit. La belle machine qu'est le Symphonique de Bamberg brille dans Mahler mais patauge dans Haydn. La faute au chef ? Le premier basson de l’orchestre, Pierre Martens a sa propre théorie : « Mahler, c’est une machine complexe qu’un chef peut mettre en route avec une bonne technique : tout le monde le suivra. Dans Haydn, la simplicité de la partition complique les choses : chaque musicien y ajoute sa touche personnelle à ce qui est écrit, au chef de mettre tout le monde d’accord. Mahler est parfois difficile pour une jeune chef, mais rien n’est plus subtil qu’un menuet de Haydn. »
Qu’on demande sinon à l’autre candidat, le Bulgare Yordan Kamdzahlov, belle chevelure noire à la Celibidache, qui a aussi tout le mal du monde à expliquer aux musiciens comment il veut interpréter ce menuet qui décidément fait de la résistance. Il est en revanche très à l’aise dans Mahler où, quasiment sans explications, il arrive à transformer la sonorité de l’orchestre. Comment font les musiciens pour jouer deux fois le même morceau dans la même soirée et de manière totalement différentes, pour oublier les indications d’un candidat afin de mettre en oeuvre celles du suivant ? Aucun mystère, explique encore Pierre Martens : « C’est une question de communication gestuelle : entre musiciens on doit pouvoir se comprendre avec une simple indication. C’est même à cela que l’on reconnaît un bon chef. »
Crédit photos : Matthias Hoch
jeudi 4 mars 2010
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