samedi 20 mars 2010

L’hymne canadien échappe au politiquement correct

“Touche pas à mon hymne”, s’écrient les Canadiens en chœur. Dans le Discours du trône prononcé le 4 mars, le Gouverneur Général Michaëlle Jean a évoqué une éventuelle modification des paroles de l’hymne national O Canada, un chant patriotique composé en 1880 sur un texte français, dont la version bilingue a officiellement succédé en 1980 au God Save the Queen hérité du passé colonial britannique (rappelons que la Reine d'Angleterre est toujours le -la?- chef d'Etat du Canada). Tollé général ! Il se serait pourtant agi - de manière fort politiquement correcte - de remplacer la formule au masculin "True patriot love in all thy sons command," (« Tu commandes à tous tes fils d'avoir un amour patriotique vrai ») par son équivalent au neutre « True patriot love thou dost in us command » (« Tu nous commandes d'avoir un amour patriotique vrai »), histoire de ne plus exclure les dames de l’affaire. Le plus drôle est que la version neutre est la plus ancienne des deux. Aucun édile, en revanche, ne s’est jamais offusqué de la présence, excluante pour les non-chrétiens, de formules telle « Car ton bras sait porter l'épée/ Il sait porter la croix! », reprise par Jean-Paul II lors de sa visite au Canada en 2002. Est-ce parce que cette dernière phrase figure dans la partie de l’hymne chantée en français, alors que les formules soupçonnées de sexisme n’existent qu’en anglais ? Espérons que la saine réaction des Canadiens empêchera ici qu’un(e) quelconque député(e) zélé(e) ne demande la réécriture du sixième couplet de La Marseillaise, où l’on clame : « Sous nos drapeaux que la victoire/accoure à tes mâles accents ». Il est vrai que nous ne risquons pas grand-chose : des sept couplets de ce long appel au meurtre, on ne connaît que le premier.

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