vendredi 26 mars 2010
Drôle de Requiem pour Wolfgang Wagner
« Sans les Wagner et leurs scandales, le festival serait moins drôle», écrit l’historienne autrichienne Brigitte Hamann dans son livre sur Bayreuth et les nazis. Elle résume en tout cas les commentaires parus à l’occasion de la mort de Wolfgang, petit-fils de Richard et directeur du Festival pendant cinquante-sept ans. « S'il aimait se donner des airs de paysan bavarois, parlant une sorte de patois franconien qui plongeait le germanophone le plus aguerri dans des abîmes de perplexité, il était aussi un homme rusé et très cultivé. Il sut ainsi ouvrir Bayreuth à la modernité en osant recruter dès 1969 des metteurs en scène en dehors de la famille Wagner », consent Christian Merlin dans Le Figaro. On ne trouve ailleurs que fustigation de son despotisme, et rappel de la guerre de succession qui a fini, de son vivant même, par mener deux de ses filles de lits différents (Eva et Katharina) à la tête de l’entreprise familiale. Dans son blog Slipped Disc (Hernie discale), le critique anglais Norman Lebrecht perd toute mesure : « La mort de Wolfgang Wagner, annoncée dimanche soir, met fin à Bayreuth à une ère post-guerrière presque aussi déplaisante que le nazisme ». Quant à l’animatrice du blog déjanté Opera Chic, elle frappe elle aussi très fort, mais avec plus de finesse, en faisant suivre une citation de Lebrecht d’un extrait de l’Adagio de la Septième Symphonie de Bruckner sous la baguette de Wilhelm Furtwängler, la musique diffusée par Radio Berlin à l’annonce de la mort d’Hitler. Ce que l’on reproche avant tout à Wolfgang, c’est d’avoir survécu plus de quarante ans à son frère Wieland, lequel avait lui aussi sauté sur les genoux du Führer, mais possédait beaucoup plus de talent comme metteur en scène, et par là même avait davantage contribué à rendre de nouveau fréquentable l’œuvre de leur grand-père. Dans La Tétralogie, un des géants qui ont construit le Walhalla tue son frère pour ne pas avoir à partager l’Or du Rhin avec lui. Allez faire comprendre aux wagnériens que le monde selon leur idole n’est qu’un délire d’artiste.
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opus posthume
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