mercredi 10 mars 2010
Jimi Hendrix et les inventeurs de trésors
Grande polémique autour de l’album d’ « inédits galactiques » de Jimi Hendrix intitulé Valleys of Neptune : fallait-il remixer et publier, quarante après la mort du musicien, des bandes qu’il aurait peut-être laissées au fond d’un tiroir, ou qu’il aurait retravaillées à sa manière ? Sur le site Rue 89, un internaute répond à ceux qui invoquent les mânes de l’artiste que « Kafka avait demandé à son exécuteur testamentaire Max Brod de détruire tous ses écrits après sa mort. C’est grâce à la désobéissance de Brod que nous sont parvenus Le Château et Le Procès ». Le problème est insoluble : Maria Callas avait interdit la publication de son enregistrement de « Mon cœur s’ouvre à ta voix » (Saint-Saëns, Samson et Dalila), qui est aujourd’hui considéré comme un grand moment de sa discographie. Plus récemment, le pianiste Krystian Zimerman a fait retirer des catalogues quelques-uns de ses plus beaux disques (les Valses de Chopin, les Ballades de Brahms). A-t-on eu raison de passer outre la volonté de Callas une fois qu’elle n’a plus été là ? Zimerman a-t-il tort de faire passer son jugement personnel avant la vox populi ? A-t-on par ailleurs le droit de confronter l’unique Sonate op.1 pour piano d’Alban Berg à ses Variations sur un thème original, une œuvre de jeunesse qu’il a vigoureusement reniée, ou de fouiller les poubelles de Verdi pour reconstituer une partition de Don Carlos qu’il a lui-même élaguée avant la première ? Le meilleur argument à plaider en faveur des tenants de la volonté de l’auteur pourrait bien être la rareté. Apprécierait-on autant Eschyle si l’on possédait les cent-dix pièces qu’il a écrites, au lieu de devoir se contenter des sept chefs-d’œuvre qui nous sont parvenus ? Il est vrai que dans ce cas, ce sont les siècles qui en ont décidé.
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