lundi 15 mars 2010

Andrea Bocelli, le désespoir des critiques

Carmen de Bizet et Andrea Chénier de Giordano, deux intégrales d’opéras enregistrées en studio et éditées par Decca. Impensable dans la conjoncture actuelle ? Non, puisqu’elles ont pour tête d’affiche Andrea Bocelli, le ténor non voyant. Les plateaux, autour de la pop star, n’ont rien de déshonorant : Carmen est dirigé par Myung-Whun Chung, avec l’habituée du rôle-titre Marina Domashenko et Bryn Terfel himself chantant Escamillo, et Chénier réunit Violeta Urmana, Lucio Gallo et le chef Marco Armiliato, tous habitués des scènes internationales. Dans des conditions similaires, Bocelli a déjà enregistré quelques rôles poids-lourds : La Bohème, Tosca, Le Trouvère, Werther, Cavelleria Rusticana, Paillasse et même le Requiem de Verdi sous la baguette de Valery Gergiev. Qui va lui jeter la pierre ? Il pourrait se contenter de gagner beaucoup d’argent en susurrant des remix de Con te partiro. Tout de même, son éditeur hésite à envoyer les disques aux critiques, et ceux-ci sont mal à l’aise : difficile de tirer sur un handicapé. Expérience intéressante : organiser avec quelques amis une écoute à étiquette cachée (on n’ose dire à l’aveugle). Dans le lecteur : Andrea Chénier. Perplexité générale : « C’est Pavarotti en fin de carrière ? » ; « Il ne manque pas de charme, mais il a du mal » ; « Apparemment, il y a un montage par note ». On passe à Carmen. « C’est le même ? » ; « Il croone » ; « Il ne fait pas ça sur scène, quand même ? ». Une fois dévoilé le pot aux roses, silence gêné : « Il n’y arrive pas, mais il se passe quelque chose ». Ce quelque chose, c’est ce qu’entendent les fans. Alors, ce qu’en disent les critiques …

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire