mercredi 30 septembre 2009

L’effet contraire

Tiens, un centre commercial. Tiens, mais c’est La Bohème. La Bohème dans un centre commercial ? Mardi 29 septembre, Arte nous offre, en direct de Bâle, l’opéra de Puccini dans une version démocratique. Les chanteurs, munis d’un micro HD et reliés à l’orchestre par écouteur, évoluent comme tout un chacun, sauf qu’ils sont en costumes 1900, ce qui fait bizarre quand ils se retrouvent au MacDo pour fêter Noël. L’expérience - qui a l’air a priori moins incongrue que celle de La Traviata à la gare de Zürich tentée par Arte l’année dernière  – serait presque réussie si Rodolphe chantait juste et Mimi en mesure (problèmes de micros, certainement).


Mais voilà que la chanteuse chargée du rôle de Musette fend la foule et se livre, tout en détaillant sa « Valse », à une démonstration exhaustive de tout ce qu’il ne faut plus faire à l’opéra : œillades appuyées, coups de rein aguicheurs, pâmoisons dans les bras des messieurs mûrs qui se trouvent là. On dirait que cette Bohème ne descend dans la rue que pour convaincre le bon peuple que l’opéra, ce n’est pour lui. Au moins ledit peuple (des figurants, peut-être) a-t-il gentillesse de ne pas siffler, ce que le public huppé n’aurait pas manqué de faire (quoique…). Les téléspectateurs, eux, sont conviés à visionner le spectacle sur Internet, en confectionnant eux-mêmes leur montage. Sitôt dit, sitôt fait : en lieu et place de Mimi toussant sur un parking, la contemplation du pont d’autoroute surplombant le décor donne à tout cela un petit côté Marguerite Duras. Détruire l’opéra, dit-elle ...

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