François Lafon
Opéra National de Paris – Bastille, les 2, 4, 6, 7, 9, 11 avril
samedi 3 avril 2010
Avec Angelin Preljocaj et Bruno Mantovani, Siddharta cherche le nirvana
Dans son film Rencontres avec des hommes remarquables, sorti en 1979, Peter Brook s’est heurté à un écueil de taille : comment montrer une ascension spirituelle ? C’est le même problème qui s’est posé à Angelin Prejlocaj dans son ballet Siddharta à l’Opéra Bastille. Tout en affirmant sa foi en la possibilité du corps dansant d’être à la fois matériel et spirituel, il s’est entouré de solides collaborateurs : le musicien Bruno Mantovani, le plasticien Claude Lévêque, ainsi que le romancier Eric Reinhardt, lequel a fourni l’idée de donner des traits féminins à cet Eveil que le prince Siddharta, dans l’Inde ancienne, doit atteindre pour accéder au statut de Bouddha. Malgré tous ces talents, malgré de belles images, comme cette maison bobwilsonnienne suspendue en l’air et dépourvue d’épaisseur, le public s’enfonce dans la torpeur à mesure que le héros sort de la sienne. Les corps bougent bien, mais on a l’impression que Prerljocaj hésite entre narration et abstraction, et que cela le bride : « Heureusement que j’ai lu l’argument avant », disait une spectatrice à la sortie. La musique s’en sort mieux : Mantovani convoque ses prédécesseurs Stravinsky et Bartok, fait son miel de tous les rythmes et timbres légués par le XXème siècle et en dégage un langage qui n’est qu’à lui. Significativement, c’est quand la musique est le plus inspiré que la danse prend son envol. A moins que ce ne soit le contraire. Peut-être que la direction boulezienne de Susanna Mälkki, la directrice de l’Ensemble Intercontemporain, n’est pas étrangère à cela.
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