jeudi 26 novembre 2009

Par-dessus l’épaule de Mozart


Que fait dans la vie David W. Packard, fils de David Packard Senior, le co-fondateur de Hewlett-Packard ? Il a repris le flambeau allumé par son père ? Il dilapide sa fortune au soleil des Bahamas ? Pas du tout. Il publie en fac simile (ce qui est logique pour le fabriquant de photocopieurs numéro 1 au monde) les manuscrits des sept grands opéras de Mozart. En cinq années, l’affaire a été bouclée, et pourtant, elle n’était pas simple. A part ceux de Don Giovanni (à Paris) et de La Flûte enchantée (à Berlin), lesdits manuscrits sont en kit : une aria à Berlin, un trio à Cracovie, le reste un peu partout. L’avantage d’avoir accès aux manuscrits, soignés (Mozart raturait peu) mais tout de même moins lisibles que les éditions imprimées ? « C’est qu’on a l’impression de regarder par-dessus l’épaule du compositeur en train de travailler », répond Christof Wolff, le musicologue en charge du projet. On voit, dans Don Giovanni, comment Mozart a recalé la voix de Donna Anna par rapport à l’orchestre, ou encore, dans La Clémence de Titus, la façon dont il a corrigé les récitatifs confiés à son élève Süssmayr. Et surtout, on saisit dans quel ordre les idées lui venaient : selon les habitudes de l’époque, il calait les violons et les altos en haut et les basses en dessous, à la suite de quoi, au milieu, il travaillait la ligne vocale, ajoutant ou retranchant cuivres, vents et percussions. De quoi rêver pour 175 dollars (116 euros) le volume. Ces merveilles paraissent au moment même où disparaît le grand musicologue mozartien (et haydnien) H.C. Robbins-Landon. A croire que le hasard n’existe pas.

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