jeudi 4 février 2010
A Genève, une Lulu classée X par Olivier Py
Une vieille lune, le cinéma interdit au moins de dix-huit ans? Que dire alors de l’opéra « déconseillé » aux moins de seize ans, pratiqué par le Grand Théâtre de Genève à propos de Lulu d’Alban Berg dans la mise en scène d’Olivier Py, dont la première a lieu ce soir ? Déjà en 2005, Tannhäuser de Wagner façon Py, un spectacle assez classique mais dans lequel un harder apparaissait en état de marche, avait fait l’objet du même avertissement. Aucune restriction en revanche, pour la « Trilogie du Diable » (Le Freischütz de Weber, Les Contes d’Hoffmann d’Offenbach, La Damnation de Faust de Berlioz) proposée en 2008 par le même Py, l’Esprit qui dit non étant, c’est bien connu, moins dangereux que le corps qui dit oui. Pour justifier le fait que dans Lulu, on voit, en guise d’interlude filmé (prévu par Berg), un extrait de film X, le Grand Théâtre manie la circonvolution textuelle : «Pour traduire les intentions du compositeur et de son inspirateur Frank Wedekind, Olivier Py et son équipe ont fait appel à des images qui, quoi que de plus en plus usuelles et répandues, restent rares et inhabituelles sur une scène lyrique et pourraient choquer un spectateur non averti. Respectueux du regard de chacun ainsi que de ses opinions, il nous paraît important de vous en informer avant votre entrée en salle ou avant l’achat de votre billet. Nous déconseillons le spectacle aux personnes de moins de 16 ans ». Quand le cinéaste suisse Daniel Schimd, réputé sulfureux et décadent, a monté Lulu à Genève en 1985, le spectacle n’était déconseillé à personne. Mais à l’époque, la seule vue d’un minaret érigé vers le ciel n’éveillait pas de coupables pensées.
Lulu, d’Alban Berg. Mise en scène : Olivier Py ; direction musicale : Marc Albrecht. Grand Théâtre de Genève, les 4, 7, 10, 13, 16, 19 février.
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