samedi 27 février 2010
L’Atelier lyrique de l’Opéra de Paris : où sont les futures stars ?
Concert d’airs russes et français au Palais Garnier, par l’Atelier Lyrique de l’Opéra. Le titre dit tout, et la salle est pleine, avec des gens, mêlés aux habitués, qu’on ne voit pas souvent sous les ors et les stucs. Ce soir, pour un prix relativement modique, on peut s’offrir de belles voix dans un lieu de rêve. Pour les douze solistes de l’Atelier, ce n’est pas rien de chanter sur cette scène-là. Ce sont de jeunes professionnels, ils ont déjà du métier, et ils sont devenus, dans le cadre de l’Atelier, de véritables coureurs de décathlon. On les a vus, à l’Amphithéâtre Bastille, passer de L’Enfant et les Sortilèges de Ravel à un petit opéra comique de Dauvergne, au Louvre rendre hommage à Schubert et à l’Athénée à Messiaen. Mais Garnier, avec l’Orchestre de l’Opéra venu entre deux répétitions de l’Or du Rhin… A force d’entendre et de lire que la seconde salle (en nombre de sièges) de l’Opéra est une bonbonnière alors que Bastille est un vaisseau, on oublie qu’elle est tout de même très grande, et qu’elle donne, aux dires de nombreux chanteurs, une impression de vertige que l’on n’a pas ailleurs. L’effet est étrange d’entendre ces voix très travaillées mais encore fragiles, portées par cette acoustique enveloppante et impitoyable. Comme toujours, le public goûte l’art (diction, musicalité) en silence, et se réveille quand il est secoué par un phénomène, comme le baryton français Alexandre Duhamel, qui ouvre les vannes dans Don Quichotte de Massenet, ou le ténor argentin Manuel Nunez Camelino, lancé à fond de train dans les contre ut à répétition de La Fille du Régiment de Donizetti. Le plus troublant, c’est que parmi ces jeunes qui chantent dans la salle des grands, les graines de stars sont indétectables. Tous ont leur chance, ou aucun. Quel métier !
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