mercredi 24 février 2010
Scorsese + Di Caprio + Ligeti + Penderecki = Shutter Island
Si l’on vous dit : Symphonie n°3 de Penderecki, Lontano de Ligeti, Uaxuctum de Scelsi, Christian Zeal And Activity de John Adams, Music for Marcel Duchamp de John Cage, ou Rothko Chapel de Morton Feldman, vous répondez : « programme du prochain festival Musica à Strasbourg ». Vous vous trompez : il s’agit de la bande originale de Shutter Island, le nouveau film de Martin Scorsese qui sort aujourd’hui en France. Il faut être le réalisateur de Taxi Driver et d’Aviator pour faire accepter une telle affiche à des producteurs en général plus sensibles à John Williams ou John Barry. Le sujet de Shutter Island se prête, il est vrai, à un contrepoint musical dérangeant, puisqu’il s’agit d’une enquête de police (inspecteur : Leonardo Di Caprio) dans un hôpital-prison (directeur : Ben Kingsley) réservé aux fous dangereux. Le réalisateur a fait confiance à Robbie Robertson, son conseiller musical attitré, l’homme qui a eu, en 1980, l’idée lumineuse d’accompagner du très sentimental Interlude de Cavalleria Rusticana de Mascagni les coups de poings du boxeur La Motta dans Raging Bull. Scorcese donne à Shutter Island des parrains de poids. Pour les images, il se réclame d’Orson Welles - en particulier du Procès, d’après Kafka, tourné en 1962 à la Gare d’Orsay -, et pour le son, de Stanley Kubrick, qui a, dans The Shining, fait de Ligeti et Penderecki des compositeurs à ne pas écouter la nuit. Pas la peine d’espérer que la bande originale battra celle d’Avatar : Paramount a retardé la sortie du film dans l’espoir que la conjoncture de 2010 serait plus favorable que celle de 2009 à l’exploitation d’un film destiné à un public adulte, c'est-à-dire moins enclin à aller au cinéma que les ados chéris des producteurs.
Shutter Island, de Martin Scorsese. Sortie en France le 24 février
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