Qu’est-ce qui fait qu’une interprétation est, ou paraît « actuelle » ? Vendredi soir à la Salle Pleyel, François-Frédéric Guy et Philippe Jordan dirigeant l’Orchestre Philharmonique de Radio France jouent le Concerto pour piano n° 3 de Beethoven. Leur enregistrement des cinq Concertos (chez Naïve) a été fêté : allant, lyrisme, sens de l’articulation et des enchaînements. Mais là, il y a quelque chose en plus, ou plutôt quelque chose de plus évident à nos oreilles. On sent qu’ils ont écouté les baroqueux, et qu’ils en ont retenu le plus convaincant : allant … (voir plus haut). On sent aussi qu’ils ont, dans les doigts pour l’un, dans le bras pour l’autre, des réflexes qui viennent de plus loin : on pense à Rudolf Serkin dans la façon dont joue le pianiste, sans fioritures, sans auto-complaisance ; on se rappelle George Szell en écoutant cet orchestre véloce, rythmiquement très en place, au son à la fois dense et aéré.
Mais il y a autre chose encore, un sourire, une désinvolture presque, une façon… mozartienne de jongler avec l’optimisme du premier mouvement, le narcissisme du deuxième, la fausse badinerie du troisième, qu’ils prennent sans précipitation. Un jeu français ? Un Beethoven teinté de Laclos ? Trop facile. Non, simplement, ils nous font oublier, à ce moment et dans ce lieu précis, les lourds hommages trop souvent rendus au « Titan de Bonn ». Le Beethoven de François-Frédéric Guy et Philippe Jordan est digeste. Ce n’est ni une plaisanterie ni une perfidie, mais le plus beau compliment qu’on peut lui faire.
samedi 23 janvier 2010
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