lundi 18 janvier 2010

Majeur, mineur, ou la musique in the mood


Pourquoi les airs en majeur, comme Singin’in the rain, sont-ils plus joyeux que les airs en mineur, tel Another Brick in the wall des Pink Floyd ? C’est la grave question que se sont posée les chercheurs en neurosciences de l’Université de Durham en Caroline du Nord (Etats-Unis). Ils ont d’abord mis en parallèle la musique (sept-mille-cinq-cents mélodies classiques occidentales et chansons folkloriques finlandaises) et la langue (américaine). Première découverte : un rythme soutenu est plus dynamisant qu’un rythme lent. Deuxième découverte : les tierces mineures sont quinze fois plus nombreuses dans les morceaux en mineur que dans les morceaux en majeur. Ils ont alors fait lire à une dizaine de volontaires des textes optimistes (« J’ai gagné au loto ») et d’autres, plus moroses (« Mon divorce se passe mal »), en se concentrant sur la façon dont ceux-ci prononçaient les voyelles : les fréquences vocales étaient proches du mode majeur dans le premier cas, du mineur dans le second. Ils ont recommencé avec des Chinois parlant le mandarin : mêmes remarques. Ultime découverte : ces constatations se retrouvent dans différentes cultures, ce qui corrobore la théorie de la communauté des racines biologique entre des groupes humains très éloignés les uns des autres. Le compte-rendu de l’expérience est paru dans le très sérieux Journal of the Acoustical Society in America. Comme le faisait méchamment remarquer Debussy, l’Orphée de Gluck pourrait chanter « J’ai retrouvé mon Eurydice, rien n’égale mon bonheur », sur le même air que « J’ai perdu mon Eurydice, rien n’égale mon malheur ». Peut-être parce que l’air en question est en fa majeur.

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