dimanche 3 janvier 2010

Carmen par Gardiner : quand la musique joue le jeu


« A l’opéra, le seul maître à bord, c’est le chef », disait en substance Toscanini, prêchant pour sa paroisse. La remarque prend son sens devant un spectacle comme Carmen, donné en mai dernier à l’Opéra-Comique et diffusé par France 3 en ce premier week-end de 2010 (trois semaines après … Carmen sur Arte, en direct de La Scala). Tant pis pour la mise en scène, plate, pour le décor, cheap, pour les costumes, ternes. Avec son Orchestre Révolutionnaire et Romantique (il fallait oser un tel nom), John Eliot Gardiner nous en fait voir, lui, de toutes les couleurs, et des plus belles. Mais cela, on s’y attendait. Ce qui est troublant, dans l’affaire, c’est que ce sont très clairement les options musicales qui déterminent l’intérêt dramatique. Parce qu’elle est soprano, cette Carmen (Anna-Caterina Antonacci) joue sur l’ironie, sur l’insoutenable légèreté de l’être plutôt que sur la sensualité, et échappe ainsi à tous les clichés du rôle. Parce qu’il use (comme à l’époque) de la voix de tête, ce Don José (Andrew Richards) peut jouer la scène finale comme en rêve, jusqu’à ce qu’il se réveille, et tue. On aurait bien sûr aimé que l’œil et l’oreille soient au diapason. Mais peut-être que le vrai talent du metteur en scène Adrian Noble consiste à s’être souvenu de la sentence de Toscanini.

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