Pain blanc, pain noir : après Werther à la Bastille, Norma au Châtelet. L’opéra de Bellini n’a pas de chance à Paris. Maria Callas, aphone, y a terminé sa carrière, Montserrat Caballé s’y est vu reprocher de ne pas être Callas ; et leurs héritières n’ont laissé aucun souvenir. Cette fois, il s’agit de retrouver le son d’époque, de reconstituer l’ « orchestre italien », cette grande guitare qui (ne) sert (qu’) à porter les voix. Comme il n’y a pas, pour l’instant, de belcantistes grand format en activité, l’argument musicologique sert de caution : orchestre léger, voix légères. Jean-Christophe Spinosi, le chef baroqueux qui n’a peur de rien, ne parvient qu’à mener à l’abattoir, et au pas de course, des gens qui n’ont pas les moyens de leurs ambitions. Le public, gentil, ne siffle pas, encourage même ces naufragés du sublime. C’est Peter Mussbach, le metteur en scène, qui paye pour tout le monde. Les rancuniers doivent encore lui en vouloir d’avoir, au festival d’Aix, fait de la Traviata une Marilyn Monroe qui meurt derrière un pare-brise, comme Lady Di. Ce soir, la druidesse gauloise qui a collaboré sur l’oreiller avec l’occupant romain se retrouve à la tête d’une bande d’aliénés roulant une grosse lune (c’est elle, la Casta diva, la chaste déesse ?) en caoutchouc. Interviewé dans le programme, Mussbach affirme : « Notre rôle est de raconter l’histoire aux gens de notre époque avec un maximum de sens sans lui substituer nos propres réactions névrotiques ». Il aurait peut-être mieux fait de l’opérer, la substitution.
Norma, Théâtre du Châtelet (Paris), Mercredi 20 20h, Vendredi 22 20h, Dimanche 24 16h, Mardi 26 20h, Jeudi 28 20h.
mardi 19 janvier 2010
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