lundi 11 janvier 2010

Werther, comble de la ténoritude


A l’Opéra de Paris en janvier : Werther, version ténor, peut-on lire dans la presse. Depuis que les Américains Dale Duesing et Thomas Hampson ont chanté le rôle transposé par Massenet lui-même à l’usage du baryton Mattia Battistini, il faut en effet préciser. Werther baryton, pourquoi pas, surtout quand c’est Hampson ou Ludovic Tézier qui chantent. Mais y a-t-il plus ténor que Werther, si ce n’est Don José dans Carmen, pour ne pas sortir du répertoire français ? Comment imaginer, autrement que le contre-ut en bandoulière, ces loosers qui font fondre le cœur des dames en clamant leur infortune ? Une blague de coulisses a longtemps circulé, reposant sur l’idée tenace que le quotient intellectuel des chanteurs à clé de sol était moins élevé que celui de leurs collègues à clé de fa, ce qui n’est pas toujours vrai : « On a dû m’enlever les trois-quarts du cerveau », annonce un ancien professeur de philosophie à un ami. « Et comment te sens-tu ? », demande l’ami. « Très bien, je suis devenu ténor. Je chante Werther à l’Opéra ». Précisons que Jonas Kaufmann, qui est affiché dans le rôle à l’Opéra Bastille, a failli être professeur de mathématiques, mais jamais de philosophie.
Crédit photo : Royal Opera House, Covent Garden/ Catherine Ashmore

Massenet : Werther. Avec Jonas Kaufmann, Sophie Koch. Michel Plasson (direction). A l’Opéra National de Paris Bastille, du 14 janvier au 4 février 2010.

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