vendredi 4 décembre 2009

Andrea Chénier, archétype du kitsch à l’opéra


Kitsch : « Se dit d'un style et d'une attitude esthétique caractérisés par l'usage hétéroclite d'éléments démodés ou populaires, considérés comme de mauvais goût par la culture établie et produits par l'économie industrielle. » (Petit Robert) ; « Se dit d'un objet, d'un décor, d'une œuvre d'art dont le mauvais goût, voire la franche vulgarité, voulus ou non, réjouissent les uns, dégoûtent les autres » (Larousse) ; « Le comportement kitsch, c’est aussi se laisser émouvoir par une représentation fausse et mensongère de la réalité. L’exemple typique est la statuette dorée. Ceux qui portent de la valeur à un tel objet oublient inconsciemment, par un processus affectif, que l’objet est bel et bien en plastique. » (le kitsch selon Milan Kundera).
Si l’on en croit ces trois définitions, Andrea Chénier, l’opéra d’Umberto Giordano donné pour la première fois à l’Opéra Bastille (et à l’Opéra de Paris tout court), est bien un objet kitsch. Pourquoi pas, cela dit ? Le mélo révolutionnaire (on est sous la Terreur), la musique au premier degré (tripes à l’air et/ou main sur le cœur), les chanteurs qui se lâchent (Marcelo Alvarez et Micaela Carosi font ça très bien), tout concourt à une satisfaction sans complexe, du style « à chacun son mauvais goût, et tant pis pour le qu’en dira-t-on ! ». Dans le programme, un texte compliqué nous explique qu’à la différence de ce qu’affirment les beaux esprits, il n’y a pas de d’antinomie stylistique entre le vérisme de Puccini et celui de son contemporain Giordano. Peut-être, mais face à Tosca ou à La Bohème, Andrea Chénier n’en fait pas moins penser à la statuette dorée évoquée par Kundera. On se demande d’ailleurs pourquoi le public siffle la mise en scène de Giancarlo Del Monaco (fils de Mario, le ténor) : dans son univocité tape à l’œil, elle est parfaitement fidèle à l’esprit de l’œuvre.
Crédit photo : Opéra national de Paris/ Mirco Magliocca

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