jeudi 3 décembre 2009
Un noir chante Otello. Vous avez dit bizarre ?
Rires jaunes parmi les abonnés de l’Opéra de Birmingham : un ténor noir chante l’Otello de Verdi. La presse en parle et, bien sûr, applaudit. La chose est rare en effet. En Angleterre, c’est même une première. Le metteur en scène Graham Vick persiste et signe, puisque Iago le traître est aussi incarné par un chanteur de couleur. Un drôle de scoop, en apparence, mais un scoop quand même. Nous nous croyons loin de l’époque (1955) où Marian Anderson a fait scandale en osant fouler les planches du Metropolitan Opera de New York, et même de celle (1981) où le festival de Bayreuth a déprogrammé le baryton Simon Estes sous prétexte qu’un Wotan non-aryen était impensable sur la Colline sacrée, sans parler des remarques politiquement incorrectes du metteur en scène Franco Zeffirelli à propos de Barbara Hendricks chantant La Bohème au cinéma (1988). Et pourtant des ténors noirs, il y en a : toutes les productions de Porgy and Bess ou de Treemonisha en attestent. Reste à avoir si Ronald Samm est un bon Otello. Depuis Jon Vickers et Placido Domingo, l’emploi est vacant. Question d’endurance, d’héroïsme et de couleur. De couleur vocale, bien sûr.
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