dimanche 20 décembre 2009
Christian Clavier joue Molière : le baroque série-télé
Coup d’envoi des programmes de fin d’année sur les chaînes du service public : sur France 3 Le Bourgeois Gentilhomme avec Christian Clavier, qui a déjà été, la saison dernière, un morne Malade imaginaire. Dans sa volonté de faire riche, le réalisateur Christian de Chalonge a installé la famille Jourdain dans un manoir… de vrai gentilhomme. On ne rit pas : la pièce est jouée sobre et réaliste, ce qui fait ressortir son cynisme. Rien ne rappelle qu’il s’agit d’une comédie-ballet, et la turquerie finale est escamotée. Signe des temps : la musique de Lully est réduite à ses deux thèmes les plus connus (l’ouverture et le Menuet du Maître à danser), mais interprétée dans un style impeccablement baroque, bien éloigné des arrangements de tradition à la Comédie-Française (signés André Jolivet, Dominique Probst ou Michel Colombier, quand il ne s’agit pas d’un mélange de Lully et de Richard Strauss). En tout cas la dichotomie entre le jeu série-télé des acteurs et cette volonté de faire époque ne choque pas, alors qu’à y bien regarder, elle est pour le moins étrange. Il est vrai que pour intriguer le public, il faut maintenant faire de Monsieur Jourdain un marchand d’articles de sport (et le faire jouer par Jean-Marie Bigard), ou tenter de retrouver les sons et les codes de la superproduction musico-théâtrale créée à Chambord en 1670, comme l’ont fait récemment le chef Vincent Dumestre et le metteur en scène Benjamin Lazar. Après tout, c’est grâce au Bourgeois Gentilhomme que le nom de Lully est passé à la postérité.
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