mardi 8 décembre 2009

Carmen à La Scala : une machine à broyer les metteurs en scène


On nous avait annoncé la chaleur du sud, le poids de la religion, la libération de la femme, la révolte des exclus, la misère de l’enfance dégradée à travers le regard d’Emma Dante la Palermitaine, la metteur en scène qui nous parle de la vraie vie. Et l’on a eu sur Arte, en léger différé de la Scala de Milan, une Carmen proprette et traditionnelle, parsemée d’images propres à ravir les amateurs de dramaturgie prémâchée. Celle qui a fait frémir les Parisiens avec sa compagnie Sud Costa Occidentale au Théâtre du Rond-Point, a été, comme tant d’autres, mise au pas par la machine à broyer l’imagination qu’est l’opéra. De Werner Herzog à Lev Dodine, la liste des victimes est interminable, une des dernières étant le cinéaste Abbas Kiarostami, dont la relecture annoncée de Cosi fan tutte au festival d’Aix n’a pas dépassé un peu dérangeant premier degré. Ironie du sort, cette Carmen était décorée par Richard Peduzzi, qui avec Patrice Chéreau a si bien su être lui-même sans trahir les oeuvres. Peter Brook a bien eu raison, avec La Tragédie de Carmen, de passer au kärcher l’opéra de (grand-)papa. Et si encore cette Carmen scaligère (quel vilain mot !) était musicalement exceptionnelle…

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