samedi 19 décembre 2009
La tunique de Nessus façon Greenpeace
Un coup de scie dans la porte coupe-feu d’un entrepôt, et voilà les décors et costumes de l’Opéra de Lyon couverts d’une fine et redoutable poussière d’amiante. Ou l’on annule une partie des spectacles, ou l’on reconfectionne le tout à l’identique. C’est la tunique de Nessus façon Greenpeace ! Selon la même logique, prend-on le soin d’analyser les toiles et tissus qui nous viennent du passé ? Peut-être que des substances redoutables se cachent dans les robes mi-peintes mi-brodées de Sarah Bernhardt, ou, plus près de nous, dans les costumes du TNP de Jean Vilar, tels qu’ils ont été exposés il y a deux ans au Palais des Papes d’Avignon. Rien de plus fascinant qu’un costume, froissé, usé, imprégné du parfum de celui ou de celle qui en a été le locataire. La robe rouge que portant Maria Callas dans Anna Bolena mis en scène par Luchino Visconti en dit bien autant que toutes les photos du spectacle. Sans revenir à la malédiction des pharaons et aux substances mortelles censées imprégner les bandelettes des momies, on peut imaginer de bien réels dangers véhiculés par les décors et costumes qui nourrissent notre imaginaire. Jadis, lorsque le rideau de l’Opéra ou de la Comédie-Française se levait, une odeur particulière - mélange de poudre de riz et de désinfectant -, se répandait dans la salle, comme si on ouvrait une vieille malle, comme si on libérait des fantômes. On ne parlait pas en ce temps-là des méfaits de l’amiante, mais après tout, de quoi nous protégeaient ces substances au parfum si prégnant ?
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire