Bain d’acide contre océan de sirop : pendant que le Châtelet s’attendrit sur La Mélodie du bonheur, l’Opéra de Paris reprend Platée de Rameau dans la mise en scène de Laurent Pelly. Dix ans d’usage n’ont pas affadi ce spectacle drôle et méchant, inventif tout le temps, musicalement au point : Marc Minkowski est toujours là, et Mireille Delunsch, et Jean-Paul Fouchécourt ou Paul Agnew (selon les soirs), qui ont fait son succès. Il n’y en a pas tant, de spectacles que l’on peut ainsi voir vieillir. Les Noces de Figaro « de » Giorgio Strehler a duré trente ans, avec des hauts et des bas, à tel point que le metteur en scène et le décorateur (Ezio Frigerio) ont demandé un temps que l’on retire leur nom de l’affiche, et le Faust « de » Jorge Lavelli presque autant. De reprise en reprise, promenés d’une salle à une autre (d’un continent à l’autre, parfois, quand il s’agit de coproductions), avec des chefs qui ne regardent pas le plateau et des chanteurs qui n’étaient pas nés à l’époque de la première, ce sont des coquilles vides que l’on baptise « productions historiques ». Avant, cela ne gênait pas : dix ans après sa première, on allait de confiance au Palais Garnier voir la Carmen « de » Raymond Rouleau, sans remarquer qu’elle ne ressemblait plus à grand-chose. A Vienne, à Munich, où les spectacles continuent d’être repris en deux répétitions, selon le système de l’alternance, on n’est toujours pas très regardant. Ici, on veut du festival permanent, du neuf tous les soirs. Cela coûte cher, mais cela paye : Platée fait salle comble, et le public hurle de joie.
Crédit photo : Opéra national de Paris/ Christian Leiber
mardi 22 décembre 2009
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