L’ethno-minéralogiste Erik Gonthier peut être content : entre les travaux du Palais de Chaillot et la migration d’une partie des collections au musée des Arts Premiers, les lithophones subsahariens néolithiques du Musée de l’Homme n’ont pas souffert. Ces curieux sucres d’orge de pierre (lithos en grec) comptent parmi les premiers instruments de musique. A la différence de l’arpeggione et du glass harmonica, le lithophone a traversé les siècles. On le retrouve en Inde comme au Kenya, en Chine aussi bien qu’en Afrique du nord. Il est l’ancêtre du xylophone, des marimbas et du glockenspiel, le jeu de clochettes de Papageno dans La Flûte enchantée.
Certains de ses avatars européens sont troublants. Ce sont les Musical Stones of Skiddaw, construites en Angleterre dans la première moitié du XIXème siècle, où la rugosité de quatre claviers de pierres alignées contraste avec le raffinement bourgeois d’un coffrage genre piano de famille, et le Steinspiel (jeu de pierres) utilisé par le compositeur allemand Carl Orff, lequel ne rêvait que de retrouver la musique au son de laquelle Wotan montait au Walhalla. On peut préférer imaginer nos grands pères homo sapiens accompagnant leurs chants du son des ces stalactites montés en jeux et frappés d’une baguette de pierre ou de bois, le tout dans l’acoustique de cathédrale de grottes peintes à fresque et éclairées par des torches fumantes. Cérémonies religieuses, rites funéraires, teufs d’enfer façon Famille Pierrafeu ? Tout cela sans doute. Quand on va au concert, il est peut-être bon d’y penser.
vendredi 11 décembre 2009
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