mardi 8 décembre 2009
A New York, l’opéra ne pardonne pas
A New York, les troupes rivales sortent les couteaux. Le MET et le New York City Opera ? Pas du tout : le Bleecker Opera et l’Amore Opera, tous deux issus de l’Amato Opera, un mini MET de trois cents places situé dans l’East Village. Après la disparition de son épouse et collaboratrice Sally Amato, Anthony Amato, directeur, chef d’orchestre et impresario, a décidé de mettre fin avec Les Noces de Figaro à une aventure commencée en 1948 avec Le Barbier de Séville. On n’imagine pas le nombre de chefs, chanteurs et metteurs en scène qui ont fait leurs débuts dans ce théâtre de poche où l’on n’hésitait pas à monter le répertoire le plus exigeant, avec quatre bouts de bois, un impeccable professionnalisme et une naïveté qui serait qualifiée chez nous de ringardise. L’Amato était soutenu par la ville et par la communauté italienne de New York, qui trouvait là un symbole de sa participation à la vie culturelle de son pays d’adoption. Or voilà que le Bleecker Opera, créé par Irene Kim, la nièce d’Anthony Amato, revendique haut et fort l’héritage, tandis que l’Amore Opera, dirigé par Nathan Hull, qui fut pendant dix ans baryton, metteur en scène et webmaster (sic) chez les Amato, se targue d’être le véritable dépositaire de l’esprit-maison. Le Bleecker ouvre sa première saison avec L’Amour des trois Rois, une rareté d’Italo Montemezzi, alors que l’Amore débute plus classiquement la sienne avec La Bohème de Puccini. Transferts, trahisons, passages d’une troupe à l’autre se multiplient. L’affaire prend des allures de Roi Lear chez les Sopranos ou d’East Village Side Story. Qu’attendent Martin Scorcese ou Woody Allen pour en faire un film, ou, mieux, un opéra ?
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