lundi 21 décembre 2009

L’Après-midi d’un faune, un génial malentendu


« Dès son premier essai de chorégraphe, Nijinski avait réalisé le ballet moderne », disait Maurice Ravel de L’Après-midi d’un faune (1912). Debussy, lui, n’avait rien compris au travail du danseur sur son œuvre : « Pouvez-vous imaginer le rapport entre une musique ondoyante, berceuse, où abondent les lignes courbes, et une action scénique où les personnages se meuvent, pareils à ceux de certains vases antiques, grecs ou étrusques, sans grâce ni souplesse ? » Que pensait Debussy de la pique lancée par Nijinski à Léon Bakst, le décorateur du Faune : « J’ai l’idée du décor, mais Bakst ne m’a pas compris » ? Mallarmé (mort en 1898) était content… de la musique, mais n’imaginait apparemment pas qu’on puisse en donner une traduction visuelle : « La musique évoque l’émotion de mon poème et dépeint le fond du tableau dans les teintes plus vives qu’aucune couleur n’aurait pu le rendre ».
Variations sur L’Après-midi d’un faune, le petit ouvrage du nijinskien Christian Dumais-Lvowski, met l’accent sur l’éternelle incompréhension qui règne entre créateurs et interprètes. Comme on peut le voir en ce moment au Palais Garnier, où Nicolas Le Riche danse le Faune dans sa version originelle, la musique, le décor et la chorégraphie vont toujours aussi bien ensemble. Et Ravel, qu’aurait-il dit sur son Boléro vu par Maurice Béjart ?
Crédit photo : Sébastien Mathé / Opéra national de Paris

Christian Dumais-Lvowski : Variations sur l’Après-midi d’un faune. Editions Alternatives, 63 p., 12 euros.

Ballets russes : Massine, Fokine, Nijinski. (Le Tricorne ; Le Spectre de la rose ; L’Après-midi d’un faune ; Petrouchka). A l’Opéra National de Paris (Palais Garnier), jusqu’au 31 décembre.

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