mercredi 23 décembre 2009
Café Zimmermann au Théâtre de la Ville : sans sucre
« Ah, si vous l’aviez vu sur scène ! » : réplique classique de l’ancien au néophyte qui se plaint de ne pas sentir le souffle du génie dans un enregistrement d’une gloire du passé. Hier soir, pendant le concert de Café Zimmermann au Théâtre de la Ville, c’est : « Ah, si vous entendiez leurs disques ! » qu’on avait envie de dire. Bon, la chanteuse Sophie Karthäuser, pièce maîtresse des deux Cantates de mariage (BWV 202 et 210) de Bach qui constituait l’essentiel du programme, avait déclaré forfait, remplacée par une… remplaçante, applaudie surtout pour avoir sauvé les meubles. Bon, le Théâtre de la Ville, qui garnit ses mille fauteuils en proposant imperturbablement une programmation musicale sans démagogie, n’est peut-être pas l’écrin idéal pour la reconstitution de ces concerts que Bach et ses amis donnaient à Leipzig dans le café de Gottfried Zimmermann (d’où le nom de l’ensemble). Mais voilà, dans les disques (chez Alpha) dudit ensemble, on aime la spontanéité, le sourire, le plaisir de se retrouver entre virtuoses qui ne jouent pas aux virtuoses. Hier, quand Céline Frisch a levé les mains d’un clavecin inaudible au-delà du cinquième rang, quand Guadalupe del Moral et Patricia Gagnon ont enfin accordé leurs violon et alto respectifs, quand Emmanuel Laporte a retrouvé le son de son superbe hautbois d’époque, il y avait longtemps que les parfums de la terrasse Zimmermann étaient éventés. Encore une fois, les baroqueux peuvent dire merci à l’anachronisme salvateur qu’est l’enregistrement moderne.
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